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les recherches de Jacques Rodolphe Rousseau
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L’historien local
L’Eglise d’Ardon
par Jacques Rodolphe Rousseau, Avocat, résidant au Petit Chatelet à Ardon.
« Une tradition locale attribue à Sainte-Clotilde, au Vème Siècle, la fondation de l’église d’Ardon placée sous le vocable de Saint-Pierre aux Liens …. suite
Extraits du Bulletin de la Société Académique de Laon
Extraits du Bulletin de la Société Académique de Laon (réf 145 DHL Tome 38)
L’Eglise d’Ardon par Jacques Rodolphe Rousseau, Avocat, résidant au Petit Chatelet à Ardon.
Une tradition locale attribue à Sainte-Clotilde, au Vème Siècle, la fondation de l’église d’Ardon placée sous le vocable de Saint-Pierre aux Liens. Mais, s’il est certain que notre paroisse est l’une des plus anciennes de Laon – de vieux textes faisant allusion à son existence – sa fondation par Sainte-Clotilde apparaît beaucoup plus douteuse. Cette tradition, en effet, ne s’appuyant sur aucun argument ou document probant, on peut craindre qu’elle ne repose que sur une confusion. On attribue en effet également à Sainte-Clotilde et avec plus de vraisemblance, semble-il, la fondation à Laon, de l’église Saint-Pierre du Haut Cloître, plus tard appelée Saint-Pierre au Marché. Il en résulte que toutes les suppositions sont permises sans qu’aucune à l’heure présente, n’ait pu, après vérification rigoureuse, devenir certitude. Sainte-Clotilde a pu fonder l’une ou l’autre de ces églises, peut-être les deux, peut-être aucune.
Nous devons en tout cas, à cette légendaire tradition, la présence dans l’église d’Ardon, d’un vitrail consacré à Sainte-Clotilde. Le vitrail actuel date de l’après-guerre, mais il remplace celui qui existait en 1914 et remontait lui-même à la réfection de l’église en 1866. Les restaurateurs de cette époque ont euxmêmes probablement remplacé une verrière préexistante et détériorée, ou ont voulu matérialiser la tradition. Toujours est-il que certains historiens ayant, sans vérification approfondie, affirmé comme une certitude la fondation de l’église par Sainte-Clotilde, ont pu trouver dans l’existence de ce vitrail un argument en faveur de leur thèse, alors que nous pensons qu’il n’y a là que l’expression de la tradition sans autre valeur scientifiquement probante.
A l’intérieur les travaux n’avaient pas été moins malheureux. La vieille église était couverte d’une charpente en carène de navire, dont on retrouve la trace pittoresque dans les combles. On cacha cette charpente apparente sous un désolant plafond de plâtre banal et aussi peu approprié que possible au saint lieu auquel on l’adaptait. Sa seule originalité est de porter, dans un cartouche du chœur, au-dessus de l’ogive de la chapelle de la Vierge, un artichaut, vraisemblablement destiné à célébrer la gloire de cette spécialité maraichère locale. En même temps, on posait, de 1864 à 1866, les vitraux du sanctuaire qui furent payés en trois fois, à raison de 392 francs, 234 francs et 400 francs, au peintre verrier Baron, leur auteur. Ce dernier, dans le courant du 4e trimestre 1865, réalisa les vitraux des chapelles de la Vierge et de la chapelle SaintPierre, pour les sommes respectives de 121 francs 24, 73 francs 52 et 87 francs 71. la rosace du portail fut achevée la dernière ; elle coûta 50 francs et fut posée dans le courant du 1e trimestre 1867. Ces travaux durèrent jusqu’à la guerre de 1914. L’un d’eux, celui de la fenêtre du bas-côté nord, quelque peu restauré, subsiste et donne une idée de ce qu’était l’ensemble. Tous les autres, brisés par les déflagrations ou les éclats d’obus, ont été remplacés de 1920 à 1930, par des vitraux exécutés par les établissements Galland-Dazon.
De 1863-1866 datent aussi les boiseries du chœur, qui cachent fort malencontreusement les antiques niches à burettes, creusées dans le mur, si caractéristiques de la période médiévale, durant laquelle la primitive église fut construite. Enfin cette rénovation avait valu à notre paroisse un don de S.M l’Impératrice Eugénie, sous les espèces d’un chemin de croix peint sur toile, qui fut encadré par un menuisier du pays, le sieur Chery, pour le prix de 63 francs. Ce chemin de croix résista à la guerre de 1914. il ne fut remplacé qu’en 1918 par l’actuel chemin de croix en stuc pour de simples raisons d’esthétique, par le curé de l’époque, M. l’Abbé Dussaussois, qui, par ailleurs, aménagea l’autel de la Vierge de fort jolie manière et fit agrandir la tribune du fond de l’église pour y installer la maitrise.
Nous devons dans l’histoire de l’église, une mention toute spéciale à nos cloches. On sait combien les cloches, avec des inscriptions ineffaçables gravées dans leur airain, sont de précieux enseignements pour les générations nouvelles, désireuses de retrouver des documents du passé. Nous avons dit que la construction, en 1866, de l’actuel clocher, avait été commandée par la volonté d’y installer de nouvelles cloches. Plus exactement, il s’agissait d’y transporter une cloche ancienne, jusque-là installée simplement sous un toit au-dessus de la sacristie, et lui adjoindre deux cloches neuves. Une tradition locale, probablement aussi fragile que celle qui attribue à Sainte-Clotilde la fondation de l’église, veut que cette cloche ai daté de l’an mille. Or, un certain M.Berthelot, auteur d’un ouvrage sur les campaniles du Laonnois et du Soissonnais, ne la mentionne pas dans son énumération pourtant très complète, des plus vieilles cloches de la région. Il faut donc admettre que cette cloche a échappé aux investigations de cet auteur… ou que la cloche d’Ardon ne datait pas de l’an mille. Les habitants d’Ardon maintiennent leurs dires.
A côté de cette grosse cloche, il existait, en 1866, une petite cloche fêlée, qui fut revendue pour la fonte, au cours du 2e trimestre de cette année pour 235 francs. Le prix de cette revente, les souscriptions et les dons recueillis dans la paroisse, permirent l’achat de deux cloches devant s’accorder avec la grosse.
Ces deux cloches furent bénites le 28 octobre 1866, par Mgr Christophe, évêque de Soissons et de Laon, M. l’abbé Lahire étant curé de la paroisse. Il y eut ce jour-là, confirmation le matin et bénédiction des cloches l’après-midi.
En 1894, la grosse cloche fut fêlée. On la fit refondre et elle fut bénite par Mgr Duval évêque de Soissons et de Laon, le 8 avril 1894, M. l’abbé Madu étant curé cde la paroisse. C’est cette cloche qui azurait porté la mention de sa toute première origine remontant à l’an mille.
Note : ces cloches furent exécutées par Cuvilliez, fondeur à Carrepuis (Somme), pour le prix de 5.138 fr. 40 et payées par acomptes successifs de 1866 à 1869. La plus grosse de ces cloches, la moyenne du carillon, avait deux parrains et deux marraines, parmi lesquels M.Bouré, père de Mme Latarget, grand’mère du mari de la marraine d’une des cloches récemment bénites et Mme Sauvrezy née Boutin, grand’mère de M. Sauvrezy, parrain d’une des nouvelles cloches.
Les trois cloches dont nous venons de rapporter l’origine, ont été détruites au cours de la grande guerre. Elles ont été remplacées par trois cloches nouvelles. La première – qui est la plus petite des trois – a été offerte par souscription des habitants et bénite le 25 septembre 1921 par M. le vicaire général Mennechet, devenu depuis évêque de Soissons, Laon et Saint-Quentin. La seconde et la troisième ont été bénites le 17 juillet 1932, par Mgr Mennechet, mais cette fois en qualité d’évêque du diocèse. Elles ont été remplacées dans le clocher par les soins de la Municipalité de Laon, au titre des dommages de guerre.
Note : les parrains et marraines étaient M. Leclère et Mme Lefèvre (parents de la génération actuelle), M. Ermant, maire de Laon, et Mme Baligant.
Ces trois cloches sont l’œuvre du maître fondeur Blanchet de Paris. Elles portent les inscriptions suivantes :
- Petite cloche : l’an 1921, le 25 septembre, sous l’épiscopat de Mgr Charles-Joseph-Henri Binet, évêque de Soissons, Laon et Saint-Quentin, j’ai été bénite en l’église d’Ardon-s-Laon, par le chanoine Mennechet, vicaire général, archidiacre de Laon, assisté de M. le chanoine Vincent, archiprêtre de Laon et de l’abbé Jules-Paul-Armand Lefèvre, curé de la paroisse. Membres du conseil de contrôle : MM. Armand Lefèvre, Louis Gatterre, Edouard Berthe et Maurice Vieville. J’ai eu pour parrain M. Jacques Rodolphe-Rousseau, avocat, docteur en droit, croix de guerre et pour marraine Mme née Simone Pannier. Je remplace Georgette-Henriette-Ferdinande-Marthe, martyre de la barbarie allemande. J’ai été appelée Marguerite-Marie et vouée au Sacré-Cœur. Je chante la victoire et je pleure les glorieux enfants de la paroisse, morts pour la Patrie.
- Moyenne cloche : l’an 1932, le 17 juillet, j’ai été bénite en l’église d’Ardon, M. Henri Lenain étant maire de la ville de Laon, par son excellence Mgr Mennechet, évêque de Soissons, Laon et Saint-Quentin, assisté de Mgr Delorme, vicaire général, archidiacre de Laon, de M. le chanoine Vincent, archiprêtre de Laon et de l’abbé Abel Bédin, curé de la paroisse. J’ai été appelée MarieAndrée-Camille par mon parrain, M. Camille Sauvrezy et par ma marraine, Mme née Marie Macquart, épouse de M Maurice Latarget. Je donne la note sol et je remplace mon ainée, ravie par les Allemands pendant la grande guerre. Les membres du conseil de contrôle étaient MM. Armand Lefèvre, Jacques Rodolphe-Rousseau, Ismaël Chemin et Maurice Vieville.
- Grosse cloche : l’an 1932, le 17 juillet… (etc., comme au-dessus).j’ai été appelée MarieBenoite-Amandine, par mon parrain M. Armand Lefèvre et par ma marraine, Mme née MarieBenoite Vitte, épouse de M. Rodolphe Rousseau avocat à la Cour d’Appel de Paris. Je donne la note fa et remplace mon ainée … (etc., comme ci-dessus)
La cure d’Ardon, sinon l’église, fut le témoin d’un meurtre qu’il convient que nous rapportions ici. En 1878, le curé de la paroisse était le vénérable abbé Lereddes. Le 8 septembre, alors qu’il venait de dire la messe à Leuilly, qu’il desservait en même temps qu’Ardon, il fut assassiné d’un coup de hache au sortir de Leuilly par un individu nommé Pilloy, dit Gagange qui, en 1871, avait participé aux insurrections de la commune, à la famille duquel il avait réclamé des honoraires de messe. Condamné à mort par les assises de l’Aisne, le coupable vit demander sa grâce par Mgr Thibaudier, alors évêque de Laon, qui devait, en 1889, être nommé archevêque de Cambrai. La peine capitale fut commuée en celle des travaux forcés à perpétuité.
Nous devons, pour l’avenir, relater ici que pendant le Congrès marial de Liesse qui eut lieu du 18 au 24 juillet 1934, l’église d’Ardon vit célébrer chaque matin un nombre impressionnant de messes -- une quinzaine environ – et quelques-unes par des prélats de marque. En effet, les organisateurs du Congrès avaient sollicité des fidèles que fussent hébergés par leurs soins les ecclésiastiques venus assister aux cérémonies de Liesse et de Laon. Le village d’Ardon abritait une quinzaine de prêtres ou de religieux. Le château d’Ardon, pour sa part, eut l’honneur d’abriter Leurs Excellences Mgr Baudrillard, de l’Académie Française, archevêque de Mélytène, recteur de l’Institut catholique de Paris, Mgr Richaud, évêque d’Irénopolis, auxiliaire de Mgr l’évêque de Versailles, le chanoine Verdier, curé de la basilique SainteClotilde de Paris, le chanoine Rivière, curé de l’église Saint-Thomas d’Aquin.
Ces messieurs célébrèrent tous leurs messes dans notre église.
A côté de cette chronique, nous croyons devoir publier, pour la cure d’Ardon, la « déclaration que donne à nos seigneurs de l’Assemblée générale du clergé de France qui sera tenue en 1730, et à MM du bureau du diocèse de Laon, Olivier Vaubert, prêtre et curé de la paroisse d’Ardon, des biens et revenus de la dite cure, pour satisfaire à la délibération de l’Assemblée générale du clergé de France, du 12 décembre 1726». Un document analogue comporte les déclarations des curés cde Leuilly et de Semilly. La lecture de ces déclarations montrera la situation précaire du bas clergé de France à cette époque. Cette lecture nous apprendra que l’église d’Ardon, était, jusqu’en 1691, confondue avec la paroisse Sainte-Benoite de Laon. Elle en fut désunie par sentence de l’Official de Laon, du 21 août 1691. Ce point n’a pu, en l’état actuel de nos recherches, être précisé. La situation de ces églises respectives fera l’objet, avec quelques autres, des recherches ultérieures que nous avons annoncées. Nous tenons à signaler enfin que le plan annexé à la fameuse transaction intervenue en 1722, entre le Commandeur de Puisieux et les abbayes de Saint-Jean et de Saint-Vincent de Laon, révèle l’existence ancienne d’une chapelle Saint-André dans la rue Richebourg, en face de la sacristie de l’église. C’est au souvenir de cette chapelle que nous devons sans doute, la persistance dans l’église, d’un vitrail consacré à Saint-André. Ce vitrail récent remplace une précédente verrière dédiée au même Saint. Ce point reste également à élucider.
Enfin, voici à titre documentaire, la liste des curés de la paroisse depuis la Révolution
: Jusqu’en 1802, l’église d’Ardon est desservie par le curé de St-Martin, J.-B. SIQUET ;
Ensuite, c’est un nommé DOLLE, desservant également St-Martin jusqu’en 1802 ;
A partir de 1802, c’est le vicaire de la cathédrale, l’abbé COLINET qui dessert Ardon (les registrent manquent de 1805 à 1839 inclus). Toutefois plusieurs actes de 1818 mentionnent que l’abbé Colinet est devenu curé d’Ardon, où il reste jusqu’en février 1841 ;
Intérim, de février à octobre 1842, fait par le vicaire de la cathédrale, l’abbé POETTE, qui devint ensuite curé d’octobre 1841 à septembre 1851 ; D’octobre 1851 à septembre 1852, Ardon à pour curé desservant, l’abbé A. SACRE, qui a pour successeur Ch. MARECHAL, de septembre 1852 à août 1856 ;
L’abbé CARDON, vicaire à la cathédrale assure l’intérim, du mois d’août au mois d’octobre 1856 ; L’abbé C. LAHIRE, est curé d’Ardon de novembre 1856 à fin septembre 1871.
L’abbé LEREDDES, lui succède en octobre 1871 jusqu’au 8 septembre 1878 ;
L’intérim est assuré jusqu’en fin décembre par le vicaire de la Cathédrale, l’abbé LOUIS ;
L’abbé JOLY est curé d’Ardon, de fin décembre 1878 jusqu’en mai 1889 ;
De mai à septembre, les vicaires de la Cathédrale (abbés DEHARLE et BOUXIN) assurent l’intérim ;
L’abbé MADU est nommé curé d’Ardon, de septembre 1889 à juillet 1904 et a pour
successeur l’abbé GERIN, de juillet 1904 à septembre 1909 ;
L’abbé LEFEBVRE arrive en octobre 1903 et reste jusqu’en septembre 1923,
mais, pendant la guerre le service paroissial est assuré par l’abbé LETOMBE, curé de Martigny, réfugié à Ardon ;
A partir de septembre 1923, l’abbé BEDIN, curé actuel.
Signé, Jacques Rodolphe-Rousseau,
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Plaque sous le porche de l'église à droite
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